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Affirmez vos positions !

Camarade,

 

Utilise les tracts et les articles de ce blog, ils ne sont la propriété de personne, ils ne font que refléter  les positions  d'une classe qui vit, qui lutte pour supprimer sa propre condition de salariée. Diffuse ces textes, discute-les, reproduis-les. 

Soyons le ferment ouvrier révolutionnaire et  lançons  nous  à l'assaut  du capitalisme qui  nous  exploite et nous opprime du nord au sud  de  l'est  à l'ouest !

PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ VOUS,
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LES ARMEES, LES POLICES, LA PRODUCTION DE GUERRE, LES FRONTIERES, LE TRAVAIL SALARIE !
ARMES, POUVOIR, ECONOMIE AU PROLETARIAT !

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Les Nôtres

Ses camarades qui ne sont plus, mais qui par leur travail de militants révolutionnaires sont et seront, enrichissant par-delà de nous la mémoire accumulée de toute leur expérience de lutte, cuirassant le futur afin de nous armer dans nos combats jusqu'au triomphe de la révolution sociale pour qu’enfin se réalise la véritable communauté humaine. Vive la  révolution sociale !

 

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 20:50

                                                                                       Les Spartakistes

 «En quoi  cet hommage ne s’inscrirait-il pas dans les  “usages“  des communistes révolutionnaires ? Etre communiste ce n’est pas nier  l’individu, au contraire, la  négation des potentialités individuelles créatrices  est celle des sociétés de classes et plus particulièrement  celle du capitalisme !  Pour nous communistes, un individu qui fait le choix audacieux, risqué, de la révolution ne le fait pas en vertu de seules déterminations objectives qui le "pousseraient" dans le dos. Un tel individu fait un réel choix, au sens plein du terme : il aurait pu tout aussi bien ne pas miser sur la révolution ». (3) 

 IMAGE SPARTAKISTES BLOG 2

En 1915, Karl Liebknecht avec Rosa Luxemburg  et Leo Jogiches organisent le groupe « Internationale » qui deviendra plus tard sous l’impulsion d’Ernest Meyer  le “Groupe Spartakiste“ afin pensent-ils de frapper l‘esprits des ouvriers par leur détermination d’une politique sans compromis. (1)

La Ligue Spartacus (Spartakusbund), médiatise ses vues dans un journal intitulé Spartakusbriefe (" Lettres de Spartacus "). Pendant son incarcération, Rosa publia encore, toujours avec Liebknecht, les Lettres politiques, devenues les Spartakusbriefe («lettres de Spartacus»), dont le premier numéro sortit en septembre 1916. Elle exprima sa joie devant la révolution bolchevique, tout en en critiquant certains aspects dans diverses notes initialement peut-être destinées à son seul usage personnel, et réunies dans un ouvrage posthume, la Révolution russe, publié en 1922

Rosa Luxemburg  écrit dans une ébauche de programme : une ligne politique révolutionnaire  claire fermement opposée au révisionnisme et à tout accommodement avec la bourgeoisie : « La ligue Spartakus n’est pas un parti qui cherche à arriver au pouvoir en passant par-dessus les masses laborieuses ou avec leur appui. La ligue Spartakus ne représente que la fraction la plus déterminée du prolétariat, la partie la plus consciente du but commun, celle qui, à chaque pas du chemin parcouru par toute la large masse ouvrière, rappelle celle-ci à la conscience de ses tâches historiques».

Le journal et le groupe fut bientôt déclaré illégal. 

Le groupe définit la guerre comme une guerre impérialiste et refuse la politique de soutien au gouvernement du chancelier Bethmann Hollweg (le vote des crédits militaires notamment) pratiquée par la direction du Parti social-démocrate (S.P.D.). Dans les positions internationaliste des Spartakistes, il n'y a place ni pour l'opportunisme parlementaire ni pour les compromis quotidiens; une réalité sociale simple et brutale engendrait chez eux une foi active et entière….. Cette intransigeance, la social- démocratie leur fera payer très cher ! La bourgeoisie tout comme les centristes haïssent  les Spartakistes et la vieille garde sociale-démocrate est  unanime pour partager cette aversion.

Il faut neutraliser les Spartakistes par tous les moyens ! il faut arrêter les agitateurs et  leurs tracts à la gloire de la lutte des classes, ils chamboulent les esprits des ouvriers, ils mettent la pagaille dans les usines et même dans les casernes ! Ce sont des anarchistes, des terroristes qui ne respectent pas les règles habituelles du  jeu politique. Ordre est donné,  il faut  neutraliser  les spartakistes quel qu'en soit le prix ! Pour le SPD  il est clair que tôt ou tard, les spartakistes devront payer  l’intransigeance de leur position  et leur  refus de tout  compromis.

Pendant ce temps une certaine débâcle règne au sein du SPD, des dissidents sociaux-démocrates écœurés, dégoutés du chauvinisme et du légitimisme  de la majorité de la direction du SPD se retire pour rejoindre le USPD. (Parti Social-démocrate Indépendant d’Allemagne) Les spartakistes ne se sépareront du S.P.D. qu'en avril 1917 pour  adhérer à  l’USPD, tout en soulignant qu'ils conserveront leur autonomie au sein du nouveau parti et en ne se privant pas de dénoncer la mollesse pratique et les ambiguïtés théoriques de sa direction. Les spartakistes jugent futiles et prétentieux les palabres des socialistes Indépendants et leurs spéculations sur les résultats aux élections passées, présentes et futures. Eux les Spartakistes veulent vider l’état de sa substance, désarmer les polices, les armées et distribuer les armes à tous les prolétaires pour suivre l’exemple des soviets.

Le Spartakusbund se transforma, lors de son congrès (du 30 décembre 1918 au 1er janvier 1919), en Parti communiste allemand (Spartakus) - KDPS selon le sigle allemand -, dont elle rédigea le programme. Libérée parmi les derniers prisonniers politiques, le 9 novembre 1918, elle participa activement à l'action révolutionnaire à Berlin, et assura la rédaction du journal Die Rote Fahne, dont le 1er numéro parut  16 novembre 1918 («le Drapeau rouge»). 

Elle prononça devant ce congrès de fondation un discours dans lequel elle exprimait sa conviction que la révolution en cours ne pouvait vaincre que si elle recevait l'appui de «la grande majorité des masses prolétariennes» - le mouvement révolutionnaire en cours, cependant, restait sinon minoritaire, du moins très divisé, et devait faire face à de nombreux adversaires, tant dans l'armée qu'au sein du parti social-démocrate.

1er Janvier 1919, les Spartakistes  acclament Rosa et Karl Liebknecht  qui viennent de fonder le KPD.  Émeutes, grèves, putschs, se succéderont.

                                                          La révolution spartakiste

Pendant des jours et des semaines beaucoup d’ouvriers ne travaillent plus. Ils sont dans la rue, ils ne semblent plus avoir besoin de sommeil. Les trottoirs  comme les bars deviennent des lieux prit d’assaut par des orateurs surgit de nulle part. Des militants gardent les accès des rues et des cafés et hurlent en fin d’intervention de leur leader :

-           Vive la révolution !

Plus personne ne pense à ironiser ni même à s’esclaffer. Des cris jaillissent inlassablement de centaines de gosiers.

-           Vive la révolution mondiale !

-           Vive la paix !

-           Vive Eisner !                                                                                                                      

Munich hurle, marche, règle des comptes et, comme à Berlin, les flics ne se montrent plus. Comme à Kiel, les soldats se joignent aux civils. Les uns attachent des mouchoirs rouges à leurs fusils. Les autres jettent leurs armes ou les donnent à qui en veut.                                                                                                           

La masse pille les magasins. Elle se rue à l'assaut des casernes, des prisons. Gare aux gradés, aux geôliers dont elle parvient à s'emparer ! S'ils s'en tirent avec des uniformes en loques, des blessures ou des membres cassés, ils ont de la chance. A l'école militaire, quelqu'un essaie d'arrêter les attaquants. Un coup de feu claque et provoque pendant une seconde ou deux un silence stupéfait. Ensuite, une clameur hystérique emplit le bâtiment. Une demi-heure plus tard, un drapeau écarlate flotte à l'une des fenêtres. Le mobilier est saccagé. Dans la cour gisent des officiers tués. L'un d'eux a reçu un coup de poing si puissant que son casque enfoncé sur son crâne lui recouvre la figure et les oreilles. Le trésorier-payeur, un malingre entre deux âges auquel on vient d'arracher les épaulettes et que les bidasses sont en train de bousculer, pleure comme un gosse. Les trouffions rigolent, mais finissent par le laisser courir. A leurs yeux, la révolution est encore un jeu de massacre. Pour une poupée manquée, ils espèrent bien en abattre trois autres.

Ludwig Auer, le chef des sociaux-démocrates majoritaires, et ses partisans se dépensent pour éviter dans la mesure du possible les excès. Pour donner l'exemple, ils traversent la ville en bon ordre, musique en tête. Les indépendants et les Spartakistes commentent, pleins de mépris:     

-        Ce sont des blancs-becs, des merdeux!              

 Le 8 novembre, un Kurt Eisner blême et épuisé se montre sur la Theresienwiese. Il annonce l'élection du Conseil d'ouvriers et de Soldats. Puis, il proclame d'une voix chevrotante d'émotion la République de Bavière. Le roi Louis III n'a pas attendu ce moment solennel pour quitter sa capitale. En compagnie du prince héritier Ruprecht, il s'est réfugié à Wildenwart, l'un des petits châteaux champêtres, construits sur l'ordre du malheureux Louis II qui a perdu la raison. En Allemagne, Sa Majesté est la première à abdiquer. Elle est suivie de près par Guillaume de Hohenzollern et par Wilhelm-Ernst, roi de Saxe. -  La Bavière sera rouge pendant trois mois.-

                                                               Berlin, 1919...

Janvier... Le froid qui vient de l'est se fait sentir sur le Kurfuerstendamn, l'avenue des grands magasins, des pâtisseries et des cabarets célèbres. Quelques personnes entourent pourtant quatre marins qui empoignent un jeune lieutenant. Ils rigolent, lâchent des paillardises, mais leurs regards sont menaçants. Trois des gaillards immobilisent la victime. Le quatrième lui arrache ses galons. Après quoi, ils exigent qu'elle leur remette son épée. Elle obéit sans protester. Deux ou trois badauds applaudissent, tandis qu'un vieux monsieur s'indigne. Comment, un officier de la Reichswehr, peut-il supporter passivement un tel affront ? Le jeune homme est devenu pâle. Pourtant, il hausse les épaules :

-          C'est la révolution.                                                                                              

Il ne se trompe pas tout à fait. Les Spartakistes ont adhéré en bloc au Parti Communiste Allemand, fondé au début du mois par Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht. A présent, ils font, comme ils l'ont promis, la guerre au gouvernement, aux « assassins de matelots du port de la Baltique ».

La grève générale paralyse la capitale. Les journaux publient quotidiennement de pathétiques appels au calme et à l'ordre. Les décrets se multiplient pour inciter les citoyens à reprendre le travail et pour empêcher les effusions de sang. Mais, il y a chaque jour des combats et des cadavres. Les trains ne circulent plus que sporadiquement. Les Berlinois s'éclairent au pétrole et à la chandelle. Pour boire, préparer les repas et se laver, ils cassent avec des pics la couche de glace sur la Spree. Si cette situation se prolonge, ils risquent une famine pire qu'en 17 et 18.

Ebert, fraîchement élu à la présidence de la république, Scheidemann, son Premier ministre, et Noske promu au poste de ministre de la Reichswehr sont au pied du mur. Ils destituent Eichhorn, le préfet de police de Berlin qu'ils accusent d'être trop à gauche et de faire le jeu des communistes. S'ils désiraient jeter de l'huile sur le feu, ils ne s'y prendraient pas autrement. En réponse à leur initiative d'une maladresse à peine croyable, la révolte se durcit. Il ne reste plus qu'à appeler l'armée au secours pour mater l'insurrection et pour provoquer d'autres tueries. Les “camarades “  Ebert, Scheidemann et Noske n'y manquent pas.     

Dans la Ruhr, janvier-février 1919...Les cheminées des aciéries ne fument plus. Les bennes ne descendent plus sous terre pour remonter le charbon. Les gueules noires battent la semelle devant l'entrée des mines et soufflent sur leurs doigts engourdis. Les métallos en font autant dans les cours des fabriques. Le soir, tous rentrent dans leurs bicoques en briques. Ils traînent les pieds, plus éreintés qu'après avoir pioché dans les boyaux ou être restés debout dans les ateliers et sur les chantiers. Leurs compagnes inquiètes les interrogent. Alors, ça va encore durer longtemps, cette grève ? Comment est-ce qu'on se débrouillera à la fin du mois ? Ils répondent par de vagues grognements, hochent la tête, puis avalent en silence leurs patates bouillies et un pichet de mauvaise bière. Mieux vaut ne pas discuter de ça avec des femmes qui s’inquiètent. Elles ne voient pas plus loin que le rhume du môme, les dettes chez l'épicier et le bois qu'il faudrait acheter en cette saison.    

Naturellement, les exceptions existent. Par exemple, Clara. Zetkin, la révolutionnaire qui ne pense qu'à changer le monde.En 17,elle a été parmi ceux qui ont fondé le Parti Social-démocrate Indépendant.     

Ou Rosa Luxemburg !  Celle-là, on la connaît bien, dans la Ruhr ! Elle est venue, l'année d'avant, avec Liebknecht, tout juste sorti de prison et le camarade Léviné qui s'occupe de politique à Düsseldorf. Tout le monde se souvient d'eux. Ils sont allés à Duisburg, à Solingen, à Müllheim, à Essen. Ils ont expliqué que les Conseils d'Ouvriers et de Soldats s'emparaient un peu partout du pouvoir. Après quoi, ils ont invité les prolétaires à se défendre avec plus d'énergie contre le patronat. Enfin, ils ont évoqué ce qui se passait en Russie et promis la révolution mondiale pour demain ou, au plus tard, après- demain.                        

C'étaient de bons orateurs. Quand on les écoutait, on se sentait tout ragaillardi. Mais, à quoi cela sert-il maintenant ? Toute l'Allemagne sait que Liebknecht et Luxemburg viennent d'être assassinés, que Noske a réprimé avec la dernière des brutalités les grèves et les révoltes dans la capitale.   

Les ouvriers de la Ruhr serrent les poings. Les communistes et les sociaux-démocrates indépendants organisent des réunions, des défilés, des protestations. Ils grondent:                                                

-          Rosa et Karl ont donné leur vie pour le prolétariat. Nous les vengerons ! La révolution triomphera envers et contre tout !              

Les autres se taisent. Ils se méfient plutôt des phrases ronflantes. Ils votent social-démocrate, même si la social-démocratie les dégoûte. Pour le reste, ils s'en tiennent aux consignes de leurs syndicats  (L'A.A.U.D). Le samedi soir, à l'auberge, ils répètent:                                                                                 

-          C'est du solide. Ça existe depuis plus de cinquante ans. On peut se fier à des dirigeants syndicalistes(L’AAUD) qui ne sont pas des Gustav Noske.

 

Les communistes et les indépendants sont presque tous jeunes et ils grimacent. Ils traitent leurs aînés de dégonflés, de complices objectifs de la droite. On en vient souvent aux mains. Les vieux de la vieille tapent comme des sourds parce qu'ils tiennent, eux aussi, à leur parti, à leur syndicat et également pour prouver qu'ils ne sont pas des lâches, ni des vendus. Seulement, à quoi bon en parler chez soi ? Pour avoir la paix, le mieux est encore de se taire. Les récriminations et les larmes des femmes rendent plus difficile de tenir le coup.

La droite se spécialise dans les assassinats politiques. Le 15 janvier 1919, elle se fait la main sur Karl Liebknecht et  Rosa Luxemburg. Le calcul est bon, car la plupart des Allemand« détestent cet homme et cette femme. Depuis le Noël sanglant qui a coûté la vie à onze marins partout dans le Reich, mais surtout à Berlin, les grèves et émeutes se succèdent. La capitale allemande n'est plus qu’une énorme pieuvre à moitié paralysée et, pourtant, agitée soubresauts. Plus rien ne fonctionne normalement. Chaque avenue, chaque rue se change en champ de bataille. La république à peine née vacille sur ses assises. Les possédants de ton calibre prennent peur. Il faut des boucs émissaires pour leur mettre sur le dos les désordres incessants et pour canaliser l'exaspération croissante de larges couches de la population. Alors, haro sur les Spartakistes qui viennent de fonder le parti communiste ! Haro surtout sur leurs chefs, Rosa et Karl.               

La militante à l'aspect maladif adore tout ce qui vit. Ses amis la surprennent en train de réchauffer des guêpes à moitié gelées et de chasser des fourmis en train de dévorer un scarabée. Et par dessus le marché, elle désapprouve l'insurrection et la violence déclenchées par ses camarades de parti. Mais, elle se plie à la décision de la majorité parce qu'elle croit à la démocratie. Elle solidarise avec les émeutiers pour ne pas se couper des ouvriers. Qu'à cela ne tienne ! Ses ennemis l'appellent Rosa, la sanglante. Le « Vorwaerts », organe de la social-démocratie, et la presse libérale ou de gauche la couvrent autant d'injures que les feuilles du camp adverse.

Liebknecht, quant à lui, ne cache pas qu'il rêve d'un socialisme à la russe et d'une guerre ouverte contre le capitalisme. Un homme à abattre ! En ce mois de janvier, les murs de Berlin se couvrent d'affiches qui proclament : « ...Tuez Liechknecht ! Après, vous aurez la paix, du travail et du pain. » L’appel au meurtre que les gardiens de l'ordre prennent bien soin de ne pas enlever est signé : « les soldats du front »... Il 'y plus qu'à suivre le conseil. Karl et Rosa sont à Wilmersdorf, un secteur huppé de la capitale où les villas et les appartements valent cher. Au crépuscule, un détachement de la milice locale d'autodéfense s'y empare des deux « dangereux ennemis de la société ». Ces individus n'ont sur eux aucun mandat d'arrêt. Par ailleurs, la loi stipule que tous les prisonniers sont à remettre à la police. Bah ! On n'en est plus au respect pointilleux de la légalité. Les sbires occasionnels peuvent tranquillement conduire leurs captifs à l'hôtel Eden. Nul n'ira chercher des poux sur la tête des miliciens. On ne s'inquiétera même pas d'élucider qui tire  les ficelles dans les coulisses.                                                                                                                                           

A l'Eden, les officiers de la division des tirailleurs de la cavalerie de la garde prennent livraison de Liebknecht à 9 heures du soir. Rosa Luxemburg arrive trente minutes plus tard, accueillie par des rires gras et des plaisanteries obscènes. Dans le hall plein de monde, un capitaine s'esclaffe:

-       On va leur clouer le bec, à ces deux-là!                                                                                                                        

Karl repart vers 10 heures et demie escorté par un lieutenant- colonel, cinq lieutenants et un soldat membres des Freikorps, (groupe de barbouze paramilitaire nationaliste illégal)   tous armés jusqu'aux dents. Ils brandissent des pistolets et des grenades sous le nez de l'ancien député au Reichstag, le traînent vers une entrée de service, le poussent enfin dans une automobile qui attend dans  une ruelle mal éclairée. Il est à peine assis que le chasseur le frappe à plusieurs reprises sur le crâne, avec la crosse de son fusil. Aucun civil n'assiste à la scène.               

 En principe, on s'apprête à conduire l'être humain aux trois quarts inconscient à la prison berlinoise de Moabit. Cependant, le véhicule s'engage dans une direction différente pour s'immobilise brusquement dans un coin sombre et isolé. Des coups de feu claquent. Plus tard, les bourreaux prétendent que le moteur est tombé en panne et que Liebknecht a essayé d'en profiter pour s'échapper. Le mensonge classique rabâché par tous les meurtriers au service d'une « cause ». Messieurs les officiers transportent le cadavre « non identifié » au poste de secours le plus proche.

Le tour de Rosa vient ensuite et c'est le même scénario, à une ou deux variantes près. Le soldat membre du Freikorps qui a assommé Karl cogne de nouveau. Une fois... deux fois... Puis il s'estime satisfait. La communiste ne bouge plus. Durant le trajet, l'un des lieutenants juge pourtant utile de lui poser encore son pistolet contre la tempe et d'appuyer sur la gâchette. La malheureuse qu'on jette comme un colis dans l'auto perd l'une des chaussures et un soldat la ramasse. Il montre fièrement son butin aux clients et au personnel de l'hôtel.

Cette fois, la voiture file sur une route qui passe entre le jardin zoologique et le Landwehrkanal. Le canal traverse des quartiers bourgeois avec des arbres et des pelouses. A l'endroit où l'automobile stoppe pendant quelques secondes, les nurses aux tabliers et aux bonnets impeccables promènent dans la journée les bambins de leurs patrons. Des soldats, postés sur la berge, s'emparent du corps inanimé et le jettent à l'eau. On le repérera et le repêchera seulement cinq mois plus tard.

Le lendemain de leur exploit, les meurtriers tiennent à figurer sur une photo de groupe ! Leurs noms sont connus, Quand ils ont bu un verre de trop, ils se vantent de leur exploit macabre, sans omettre aucun détail. Malgré cela, l'enquête piétine, avant de s'enliser définitivement. Un mandat d'amener est lancé contre le chasseur tortionnaire, Mais, le brave ne risque rien. Ses supérieurs le mutent à temps dans un régiment de hussards et, bientôt, la police « perd sa trace ». Le lieutenant qui a tiré sur une morte se voit condamné à un emprisonnement de quatre mois. Le motif ?Il n'a pas signalé la découverte d'un cadavre et en a disposé sans l'autorisation de ses chefs! 

En mars 1919, Léo Jogiches, vieux camarade et grand amour de Rosa, se trouve en détention préventive à Moabit. Au cours d'un interrogatoire dirigé par un certain Tamschik, les policiers le battent tellement qu'il s'évanouit presque. La séance terminée, Tamschik l'accompagne jusqu'à un escalier qui mène aux cellules. Il le laisse descendre quelques marches, puis le tue d'une balle dans l'occiput. Jogiches a cinquante-deux ans.

Comme elle, d’autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution  Allemande fut assassinée.

Au cœur de la mêlée, au milieu des clameurs de triomphe de la contre-révolution, les prolétaires révolutionnaires doivent déjà faire le bilan des événements, les mesurer, eux et leurs résultats, au grand étalon de l'histoire. 

La révolution n'a pas de temps à perdre, elle poursuit sa marche en avant, - par-dessus les tombes encore ouvertes, par-delà les « victoires » et les « défaites » - vers ses objectifs grandioses.

Et le premier devoir de ceux qui luttent pour le socialisme mondiale, c'est d'étudier avec lucidité sa marche et ses lignes de force.

 

Les masses constituent l'élément décisif, le roc sur lequel on bâtira la victoire finale de la révolution.Les masses ont été à la hauteur de leur tâche. Elles ont fait de cette « défaite » un maillon dans la série des défaites historiques, qui constituent la fierté et la force du socialisme international. Et voilà pourquoi la victoire fleurira sur le sol de cette défaite.

                                              « L'ordre règne à Berlin ! » sbires stupides !

                                                   Votre « ordre » est bâti sur le sable.

Dès demain la révolution « se dressera de nouveau avec fracas » proclamant aux sons des trompes  pour votre plus grand effroi.                                                                                                                                                                                                  j'étais , je suis , je serai !

        

 

 

 

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