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Camarade,

 

Utilise les tracts et les articles de ce blog, ils ne sont la propriété de personne, ils ne font que refléter  les positions  d'une classe qui vit, qui lutte pour supprimer sa propre condition de salariée. Diffuse ces textes, discute-les, reproduis-les. 

Soyons le ferment ouvrier révolutionnaire et  lançons  nous  à l'assaut  du capitalisme qui  nous  exploite et nous opprime du nord au sud  de  l'est  à l'ouest !

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Ses camarades qui ne sont plus, mais qui par leur travail de militants révolutionnaires sont et seront, enrichissant par-delà de nous la mémoire accumulée de toute leur expérience de lutte, cuirassant le futur afin de nous armer dans nos combats jusqu'au triomphe de la révolution sociale pour qu’enfin se réalise la véritable communauté humaine. Vive la  révolution sociale !

 

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 23:18

Salut à Dominique Cotte ! Alias Verdier 

Dominique Cotte (20 janvier 1956-14 décembre 2017) Notre camarade Dominique Cotte alias Verdier est décédé, emporté par un cancer du poumon.


Pour l'avoir écouté et apprécié dans les quelques rencontres à la périphérie de la capitale et par des itinéraires communs. Lui qui animait également sans relâche les blogs comme les réseaux sociaux sur lesquels était présent sous le libellé de « Robin Goodfellow ».

 

Je ne reprendrais que les mots de Jean-Louis Roche.


Lorsque nous perdons un des nôtres, atteint lui aussi de cette putain d'incurable maladie, parmi les meilleurs lutteurs du prolétariat nous ne comptons pas voir arriver non plus des milliers de prolétaires à l'enterrement, non pas que cette grande masse anonyme qu'est le prolétariat historiquement soit ingrat, mais dans les conditions de la domination la disparition d'un de ses meilleurs défenseurs reste inaperçue, quand bien même nous sommes là pour rappeler celui ou celle et ceux qu'il ne faut pas oublier pour leur contribution pérenne et inexpugnable à la cause de l'émancipation de l'humanité.

Nous étions après tout que des tendances d'un même parti celui de la révolution sociale mondiale

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6 août 2011 6 06 /08 /août /2011 20:25

Jaime Fernández Rodríguez (1914-1998), compagnon de lutte de G. Munis

Jaime-Fernandez-Rodriguez-et-Manuel-Fernandez-Gr-copie-1.jpg

Par lucien 18 avril1911-4 février 1989

Né en 1914 à El Ferrol (Galice), Jaime Fernández Rodríguez fut le plus proche compagnon de lutte de  G. Munis. Connu sous les pseudonymes de « J. Costa », « Santiago Rodríguez », il fut un membre du POUM et des bolcheviks-léninistes espagnols dans les années trente. Après avoir rompu avec la IVe Internationale en 1948, il fut l’un des créateurs du Fomento Obrero revolucionario (Ferment Ouvrier Révolutionnaire) ou FOR, avec Munis et Benjamin Péret, organisation qui défendit les positions révolutionnaires du véritable communisme.

En 1954, G. Munis à droite et son compagnon, Jaime Fernandez, sont détenus au Pénitencier El Dueso en Cantabrie Espagne

Jaime Fernández Rodríguez naquit à El Ferrol le 24 Septembre 1914 dans une famille de commerçants aisés et très catholiques (cousin germain du militant  poumiste  Eugenio  Fernández Granell,  connu également comme peintre surréaliste). Tout jeune, enfant  peut-on dire, il constate  et ressent  l’injustice sociale contre laquelle il s’insurgera jusqu’à la fin de sa vie. Un tragique événement marquera  très  profondément sa vie. La mort, à l’âge de 16 ans de son  petit frère Eulogio, qui s’engagea dans les milices alors qu’il n’en avait  pas  encore  le droit, et qui  disparu au front de Madrid  (octobre-novembre 1936). L’engagement politique de Jaime a lieu très tôt, comme pour beaucoup alors en Espagne et dans d’autres pays. Prestige de la Révolution Russe aidant, il adhère au PCE de la Coruña, mais très vite il déchante à la lecture des textes de révolutionnaires qui critiquent la dégénérescence de cette révolution. Il rentrera donc à la  Izquierda Comunista d’España (ICE) en 1933 à Madrid, où il travailla dans des Grands Magasins (Almacenes Simeón).

En 1935, il vota en faveur de la fusion avec le Bloc Obrer i Camperol (BOC) pour constituer le Partido Obrero de Unificación Marxista (POUM). Alors qu’il se trouve en train de réaliser le service militaire obligatoire au célèbre Alcazar de Toledo, éclate la guerre civile. Il s’évade au mois d’août 1936, en sautant, avec cinq autres personnes, la muraille de cette grande forteresse, pour aller rejoindre le camp républicain. Pour sa part, ce qu’il veut rejoindre, c’est le camp de la révolution sociale. L’évasion réussie, il informe sur la situation interne et sur le moral des troupes restées à l’intérieur de la forteresse. La réalité décrite par Jaime est à l’opposé de ce que raconta par la suite le franquisme victorieux. Il s´engagea dans les milices de POUM de Madrid. Il fut élu chef de bataillon.
Jaime critiqua la tactique du Comité Exécutif du POUM et constata sa coïncidence avec les positions politiques de Munis. Il fit partie de la Sección Bolchevique-leninista d’Espagne (SBLE) en même temps qu’il continua à militer au sein du POUM. A Barcelone, il intervint dans les luttes sur les barricades pendant les Journées de Mai 37. Avec Julio Cid Gaitán et d’autres militants, présents à Barcelone pour participer au Congrès du POUM, il distribua le tract de la SBLE sur les barricades, qui défendait la continuité de la lutte, exigeait le châtiment des provocateurs et donnait des consignes pour la consolidation d’un front révolutionnaire du prolétariat.

Le 16 Juin 1937, le gouvernement de Negrin, dominé par les staliniens, arrêta le CE du POUM, qui fut mis dans l’illégalité. Jaime Fernandez fut arrêté le 2 septembre 1937 parce que milicien du POUM. Il fut emprisonné pendant cinq mois, d’abord à la prison Modelo de Barcelone et ensuite à Rosas de Llobregat (aujourd’hui Sant Feliu). Il sortit de prison le 7 Février 1938, et seulement cinq jours plus tard, le 12, il fut arrêté de nouveau avec la majorité des militants de la SBLE, sous l’accusation d’assassinat du capitaine des Brigades Internationales Leon Narwicz, de nationalité polonaise, agent du Service d’Information Militaire (SIM) infiltré dans le POUM et dans la SBLE. Un groupe d’action du POUM assassina Narwicz (voir biographie d´Albert Masó) de trois balles dans la tête, comme vengeance à l’assassinat de Nin. Mais le POUM ne fit rien pour décharger les militants de la SBLE d’une accusation d’assassinat qu’il savait fausse et qui impliquait la peine de mort.

Jaime Fernandez endura pendant un mois, avec G. Munis, Domenico Sedrán (« Adolfo Carlini »), Aaage Kielso, Luigi Zanon, Vitor Ondik et Teodoro Sanz les tortures des agents du SIM et de la police stalinienne dirigée par le Commissaire Javier Méndez et contrôlé par « l’oeil de Moscou », Julián Grimau. Le 11 Mars 1938 ils furent emprisonnés à la Prison Modelo de Barcelone. Le Juge d’Instruction demanda la peine de mort pour Jaime Fernández, « G. Munis » et « Adolfo Carlini ». Le 23 Avril 1938, Jaime Fernandez et Teodoro Sanz furent conduits dans des camps de travail. Jaime Fernandez fut interné à Omells de Na Gaia, avec « Quique » et Teodoro Sanz, où il connut les conditions d’un camp d’extermination stalinien du SIM, dirigé par les criminels Astorga et Mendoza. Ensuite il fut destiné au camp de travail du détachement de prisonniers du SIM de la plage de « La Pelosa », à Rosas (Alt Empordà, province de Gérone). Le 23 Août, réclamé pour être jugé pour l’assassinat de Narwicz, il fut envoyé par erreur aux tribunaux de Gérone au lieu de ceux de Barcelone. Le 5 Septembre 1938, il obtient l’autorisation de s’enrôler dans une unité militaire (la Division 45), dans laquelle il vécut sous la surveillance constante de gardiens staliniens. Il réussit à s’évader en Octobre 1938, lors de son hospitalisation soigné pour une blessure par balle à la jambe lors d’une action au front.

Plus tard, à Paris, un dirigeant du POUM qui l’aperçut au front à cette époque, lui affirma qu’ordre avait été donné de le fusiller. La blessure à la jambe, plus spectaculaire que grave, lui sauva donc la vie.  Comme bien d’autres, il passe en France où il sera accueilli dans les camps pour réfugiés. Il s’en évade dès qu’il le peut, c’est-à-dire assez rapidement. Une fois libre, il renoue son activité militante dans le mouvement trotskiste, tout en travaillant comme ouvrier dans plusieurs régions françaises, sous des noms d’emprunt. Pris par la police française, à Paris, celle-ci l’oblige à choisir entre la Légion étrangère, le maquis ou la prison. Son choix fut clair, la prison. Il connut donc, la Santé et Fresne. Fidèle aux positions internationalistes il arriva à convaincre divers camarades espagnols socialistes et anarchistes, parmi lesquels nous pouvons citer Manuel Parada (des jeunesses socialistes), Tomás Ballesta (cenetiste qui appartint à la colonne de Durruti), Jorge Soteras (militant de la CNT) et Félix Castellar, pour constituer à Angers un groupe, aux forces très réduites, qui lança des tracts qui défendaient le défaitisme révolutionnaire et la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile révolutionnaire. Il se situa donc en marge et contre la tactique impulsée par la IV Internationale qui défendait la participation dans les mouvements de résistance nationale au fascisme. Cette activité de Jaime Fernandez en France coïncidait pleinement avec les thèses de Munis, défendues par le Groupe Espagnol de la IV Internationale au Mexique, sans qu’à ce moment-là il y ait eu contact entre eux. Pour Jaime, la deuxième guerre mondiale est une guerre impérialiste qui ne conçoit le prolétariat, la classe exploitée que comme chair à canon, celui-ci doit donc s’y opposer en imposant ses propres intérêts, ceux consistant à en finir avec toute exploitation, avec toutes les frontières nationales, avec l’Etat capitaliste, que celui-ci se dise démocratique, fasciste ou autrement.
Le Groupe Bolchevique-Leninista Español (Section espagnole de la IV Internationale) édita en France six numéros de « Comunismo » de Novembre 1943 à Septembre 1945.

Après la Libération, Jaime Fernandez avec d’autres militants trotskistes espagnols, anciens et nouveaux, comme José Quesada Suárez, Esteban Bilbao, Miguel Olmeda, Agustín Rodriguez Arroyo ( frère du militant du POUM « Quique ») etc…, constituèrent avec G. Munis, et le poète surréaliste français Benjamin Péret, dirigeants du groupe Espagnol au Mexique, une nouvelle organisation qui s’appela Grupo Comunista Internacionalista (GCI). Le GCI entama un débat au sein de la IV qui devait inévitablement mener à la rupture. Le débat, mené par G. Munis, Péret et Natalia Sedova Trotsky, reconsidérait la nature de l’État Russe, critiquait la participation aux résistances nationales (abandon de l’internationalisme prolétarien) et critiquait la tactique d’alliances avec des organisations staliniennes.
De Janvier 1945 (une fois rétabli le contact entre les camarades de France et du Mexique) jusqu’à Février 1948 ont paru dix-sept numéro de « Lucha de Clases », comme organe du Grupo Comunista Internacionalista et ensuite comme organe de la section espagnole de la IV Internationale.

En 1946, Jaime Fernandez retourne une première fois en Espagne en tant que militant trotskiste (bien que déjà très critique). Il y restera peu de temps car on le préviendra que la police franquiste est à ses trousses. Il repartira donc pour la France. Il fut l’un des signataires du document « Explicación y llamamiento a los militantes y secciones de la Cuarta Internacional », qui en 1948 confirmait la rupture du GCI avec la IV Internationale.
Le GCI s’unit à d’autres militants internationalistes pour constituer en hiver 1948 une éphémère Union Ouvrière Internationale, dans laquelle participait également un petit noyau vietnamien. Le groupe comptait une cinquantaine de militants tant à Paris qu’en province: G. Munis, Benjamin Péret, Jaime Fernández, Paco Gómez, Sonia Gontarbert, Sophie Moen, Edgar Petsch, Agustín Rodríguez, Maximilien Rubel, etc… Il publia un bulletin ronéotypé, « La Bataille internationale ».

Le 11 Décembre de 1952, Munis est détenu à Madrid, et quelques jours plus tard Jaime Fernandez le sera à Barcelone en compagnie de jeunes contacts, Pedro Blanco Perez et Miguel Pila Penago (« Cholo »), en conséquence de la participation du groupe à la grève des Tramways de Barcelone du mois de mars 1951. En novembre 1953, les trois détenus à Barcelone, Jaime Fernández, Pedro Blanco et Miguel Pila, furent transférés à la Prison Provincial de Madrid pour être jugés par le Tribunal Militaire de la Première Région, en même temps que Munis et les autres membres du groupe. Jaime Fernandez fut condamné à huit ans de prison, et rentra au pénitentier de Santoña pour y accomplir sa peine. Il sortit de prison, en liberté conditionnelle, en mai 1956. Ne trouvant pas de travail à cause de son casier judiciaire en Espagne, il se voit contraint de repartir pour la France en Octobre 1959. En Espagne d’abord, puis ensuite à Paris, il défend les positions du groupe Fomento Obrero revolucionario qui édite la revue « Alarma » depuis le mois de Décembre 1958, groupe dont il est un des initiateurs avec ses amis et camarades Benjamin Péret et G.Munis (sorti de la prison franquiste en 1957 et vivant alors à Paris).

En mai 1968, ouvrier aux NMPP (Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne), Jaime Fernandez  anime dans cette entreprise aux mains de la CGT (plus forte que le patronat), un comité ouvrier sur une base antisyndicale, prônant l’auto-organisation du prolétariat et dénonçant les syndicats comme des organisations de défense du capitalisme. Il y travailla jusqu’à la retraite qu’il anticipa lui-même à l’âge de 63 ans pour pouvoir goûter aux joies du « Droit à la Paresse » de Paul Lafargue, texte qu’il fit connaître le plus possible en milieu ouvrier.

Il fut très actif en Espagne plus particulièrement au moment où se préparait la « transition démocratique ». Il voyagea souvent de Paris à Barcelone pour participer aux nombreuses assemblées et réunions ouvrières anticapitalistes très nombreuses à cette époque, toujours pour dénoncer et combattre les forces politiques qu’il considérait ennemies de la classe ouvrière (PC, PS principalement) et les syndicats ; pour combattre les illusions que beaucoup se faisaient sur la démocratie après tant d’années de dictature. Pour lui, le prolétariat avait potentiellement assez de force pour en finir avec la véritable dictature, celle du capital sur le travail, que celle-ci revête la forme démocratique, militariste, bureaucratique, fasciste ou autre, d’autant qu’il pensait que le capitalisme avait créé au niveau mondial, grâce à la misère et à l’exploitation du prolétariat, plus que les conditions objectives matérielles suffisantes pour que le prolétariat le détruise de fond en comble et impose la société sans classes et sans frontières. Jaime Fernandez s’installa définitivement à Barcelone en 1988, après avoir rompu avec le FOR sur une question d’organisation. Même s’il ne put continuer à militer comme il le fit durant toute sa vie à cause de problèmes de santé (la vue principalement), il appuya constamment les ex militants du FOR (deux expulsés et d’autres ayant rompu) qui éditèrent la revue « L’Esclave Salarié »en France et en Espagne.

Jaime Fernandez est mort en juillet 1998, à Barcelone,  sans avoir pu vivre ce pour quoi il a tant lutté: l’avènement d’une société sans maîtres ni esclaves, sans Etat, sans police, sans armée, sans travail salarié.

Eulogio Fernández et Agustín Guillamón

SOURCES:

-  Articles et documents :
1. « El camarada Jaime Fernández logra escapar del Alcázar toledano »,  POUM, Madrid (28-8-1936).
2. « Sumari n° 94, 10 de marzo 1938. Jutjat Especial n°  1 del Tribunal d’Espionatge i Alta Triació de Catalunya. Per Alta traición por complot, propaganda y asesinato del capitán León Narwitsch. Contra Manuel Fernández Grandizo, Adolfo Carlini Roca, Aege Kielso, Jaime Fernández Rodríguez, Luís Zanon Grim, Teodoro Sanz Hernández, Víctor Ondik, Baldomero Palau Millán. » Archivo Histórico Nacional, Madrid.
3. (Anonyme) « Jaime, 1914-1998. Ta lutte continue! »,  L’Esclave salarié n° 5 (1998), Barcelone.
4.  Agustín Guillamón (Dir.): Documentación historica del trotsquismo español (1936-1948). De la guerra civil a la ruptura con la Cuarta Internacional. Ediciones de la Torre, Madrid, 1996. (Textes choisis de Munis et de son courant, de 1936 à 1950).
5. Guy Prévan: Benjamin Péret, révolutionnaire permanent. Editions Syllepse, Paris, 1999.

-

Œuvres:
  (Articles de Jaime Fernández Rodriguez, sous le nom de plume de  “J. Costa”)

« La represión stalinista », Revolución. Boletín de la Sección Española de la IV Internacional, n° 1. [Paris], (1948).

« Lo que dice Costa ». Boletín de discusión nº 26 del Grupo comunista internacionalista, Paris, febrero 1949.

« Tarea y responsabilidad de los revolucionarios », Alarma, 3ª série, n° 1. [Barcelone], (avril 1977).

« Violencia revolucionaria », Alarma n° 2 (agosto 1977)

« Trampa nacional », Alarma n° 4 (printemps 1978).

« Como los buitres », Alarma n° 5 (été 1978).

« Democracia y lucha de clases », Alarma n° 6 (automne-hiver 1978).

« Stalinismo, anti-stalinismo », Alarma n° 13 (mai 1982).

 

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5 août 2011 5 05 /08 /août /2011 22:07

GRANDIZO Y MARTINEZ Manuel Fernandez, dit MUNIS

Manuel Fernandez Grandizo (18 avril 1911- 4 février 1989),

 


Né le 18 avril 1912 à Torréon (Mexique), mort le 4 février 1989 à Paris ; de nationalité espagnole, joua un rôle international dans l’Opposition de gauche trotskiste, en Espagne, au Mexique et en France, de 1934 à 1948 ; animateur d’un groupe ultragauche (Fomento Obrero Revolucionario), depuis les années cinquante jusqu’à sa mort, en France comme en Espagne.

Manuel Fernandez Grandizo y Martinez, plus connu sous le nom de Grandizo Munis, appartenait à une famille politisée. À l’âge de deux ans il quitta le Mexique pour l’Estrémadure espagnole, où il resta jusqu’en 1923, date à laquelle il retourna au Mexique. Très jeune, dès 1927-1928, il contribua à la fondation clandestine de l’opposition trotskiste. Mais arrêté pour participation à un meeting, il dut retourner en Espagne en 1928. Il intervint activement dans les grèves des ouvriers agricoles de Llerena. Il fut l’un des fondateurs de l’opposition communiste de gauche. Il collabora à la presse de l’Izquierda comunista (trotskiste) espagnole, qui publia La Antorcha (la Torche), El Soviet, Comunismo.

En 1932 et 1933, il était membre du groupe Lacroix. Début 1934, alors qu’il accomplit son service militaire, il fut nommé représentant de la gauche communiste à l’Alliance ouvrière (Alianza Obrera) de Madrid. Il fut jeté en prison au moment de l’insurrection ouvrière d’octobre 34. Partisan de la politique de Trotsky d’entrisme dans les Jeunesses socialistes, il suivit la tendance dite de Fersen et Esteban Bilbao. Mais cette politique échoua complètement lorsque fut décidée la fusion des jeunesses socialistes et communistes.

Au début de 1936, Munis était au Mexique. Dès l’annonce des événements révolutionnaires de juillet, il s’embarqua par le premier bateau chargé d’armes pour l’Espagne, qui arriva à Cartagena à la fin d’octobre. Avec ses camarades, il participa aux combats des milices sur le front de Madrid, celles des socialistes. En novembre, Munis avec ses camarades fonda une nouvelle organisation : la Section bolchevik-léniniste d’Espagne. Il y avait, malgré le petit nombre de partisans de Trotsky, deux groupes trotskistes : El Soviet et La Voz leninista. C’est à ce second groupe qu’appartint Munis, qui publia son Boletin. À ce groupe militaient Jaime Fernandez Cid, Hans Freund (Moulin), Benjamin Péret, les Italiens Adolfo Carlini et Lionello Guido, ainsi que le poète surréaliste cubain Juan Brea.

À partir d’avril 1937, le Boletin du groupe de Munis prit le nom de Voz leninista et critiqua la CNT et le POUM pour leur collaboration avec le gouvernement républicain. Il proposa la formation d’un Front ouvrier révolutionnaire pour prendre le pouvoir, accomplir la révolution et gagner la guerre contre les forces nazi-fascistes. Lors des événements de mai 37, le groupe de Munis et Péret fut seul avec Los amigos de Durruti (les amis de Durutti) à lancer des tracts proposant la continuation de la lutte contre le gouvernement républicain socialo-stalinien.

La chute du gouvernement Caballero, la main-mise totale de l’appareil stalinien signifèrent la mise hors-la-loi non seulement du POUM mais aussi des trotskistes. Au moment où étaient assassinés Andres Nin, Camilo Berneri, Kurt Landau, des militants du groupe de Munis tombaient victimes de la même répression : Hans Freund, l’ex-secrétaire de Trotski Erwin Wolf, et Carrasco, un ami personnel de Munis. Munis avec la majorité de ses camarades fut emprisonné en février 1938. Ils étaient accusés dans la tradition des procès de Moscou de sabotage et d’espionnage au profit de Franco, et de tentative d’assassinat de Negrin, Prieto, la Pasionaria, Diaz, etc. Munis et ses amis étaient accusés en outre d’assassinat sur la personne du capitaine russe Narvich, agent du NKVD infiltré dans le POUM. Munis fut jugé avec ses compagnons à huis clos par un tribunal semi-militaire, et au début sans avocat. Le procureur exigea la peine de mort contre Munis, Carlini et Jaime Fernandez. Les pressions internationales, la volonté des autorités de dissocier ce procès de celui du POUM, retardèrent le jugement jusqu’au 26 janvier 1939.

Jaime Fernandez fut interné dans un camp de travail dont il réussit à s’échapper en octobre 1938 grâce à une erreur bureaucratique. Munis fut incarcéré dans la forteresse de Montjuic, dans le quartier des condamnés à mort, et réussit à s’évader au dernier moment, alors qu’un ordre avait été donné d’exécuter tous les prisonniers politiques révolutionnaires avant la chute de Madrid. Carlini, clandestin dans la Barcelone tombée aux mains des franquistes, réussit à passer en France où il fut interné dans un camp de concentration. Réfugié en France avec le flot de réfugiés, Munis publia son témoignage dans La lutte ouvrière (trotskiste) des 24 février et 3 mars 1939. À la fin de l’année, Munis s’embarqua pour le Mexique.

Il devint ami de Trotsky et de Natalia Sedova. Trotsky lui confia la direction de la section mexicaine. En mai 1940, il prit un rôle actif dans la « conférence d’alarme de la IVe Internationale ».  Lorsque Trotsky fut assassiné, il prit la parole lors des funérailles, et se chargea de représenter la partie civile contre Ramon Mercader. Il affronta les parlementaires staliniens qui accusaient Munis comme Victor Serge, Gorkin et Marceau Pivert, d’être des agents de la Gestapo, et leur demanda de renoncer à leur immunité pour s’affronter à lui devant un tribunal.

 

À partir de 1941, avec Benjamin Péret, exilé lui aussi au Mexique, et Natalia Sedova, il se livra à une critique du Socialist workers party (SWP) aux États-Unis qu’il accusait d’être tombé dans l’antifascisme pour mieux soutenir un « camp impérialiste », celui des démocraties en guerre. Le groupe trotskiste espagnol de Munis critiqua aussi avec vigueur les groupes français et anglais, appuyés par la direction de la IVe Internationale, qui étaient favorables à une participation dans les mouvements de résistance nationalistes. Munis et ses amis dénoncèrent la qualification de l’URSS comme « État ouvrier dégénéré », qui était en fait selon eux un système capitaliste d’Etat et impérialiste. Leur mot d’ordre était la transformation de « la guerre impérialiste en guerre civile » sur tous les fronts.

Bien que minoritaires, Munis et ses amis rencontrèrent quelque écho dans des sections de la IVe Internationale : le Partito operaio comunista (POC) de Romeo Mangano en Italie ; en France la tendance de Pennetier et Gallienne du Parti communiste internationaliste ; la majorité des sections anglaise et grecque. Le groupe espagnol de Munis au Mexique édita deux numéros de 19 de julio (« Le 19 Juillet »), et à partir de février 1943 la revue théorique Contra la corriente. En mars 1945 lui succéda une nouvelle publication : Revolucion. La direction de ces publications qui dénonçaient le stalinisme et l’Etat russe était assumée conjointement par Munis et Péret (sous le pseudonyme de Péralta).

À partir de juin 1947, Munis -avec Péret et Natalia Sedova- commencèrent leur rupture avec la IVe Internationale. Furent publiés des textes importants : « Lettre ouverte au parti communiste internationaliste, section française de la IVe Internationale » ; « la Quatrième Internationale en danger », en vue du IIe congrès mondial de celle-ci. En 1948, alors que Munis et Péret étaient établis en France, ce fut la rupture alors que la IVe internationale proclamait la « défense inconditionnelle de l’URSS » et son caractère d’« État ouvrier dégénéré ». À l’hiver 1948, Munis fut cofondateur avec Benjamin Péret, Jaime Fernandez, Paco Gomez, Sania Gontarbert, Sophie Moen, Edgar Petsch, Agustin Rodriguez et Maximilien Rubel (voir ces noms) de l’Union ouvrière internationale. Le groupe, qui comportait aussi un petit noyau de militants vietnamiens, comptait une cinquantaine de militants tant à Paris qu’en province. Il publia un bulletin ronéotypé, La bataille internationale.

Simultanément, Munis avec ses amis espagnols fondait le Grupo comunista internacionalista de Espana, qui avait des ramifications à Barcelone et diffusait la littérature du groupe en pleine clandestinité. En mars 1951, le groupe diffusa des appels révolutionnaires contre le franquisme et le stalinisme lors d’une grève spontanée des traminots de Barcelone. Munis, très actif lors de la grève, fut emprisonné en même temps que ses camarades. Il resta en prison jusqu’en 1958. Munis reprit aussitôt son activité politique en France avec Benjamin Péret et Jaime Fernandez. Se constitua alors en 1958 le Fomento obrero revolucionario (FOR – Ferment ouvrier révolutionnaire) auquel Munis contribua jusqu’à sa mort par le biais des revues Alarma et Alarme. En 1960, le gouvernement français expulsa Munis du territoire comme menaçant l’ordre public. Il se réfugia à Milan et entra en étroit contact avec le Parti communiste internationaliste d’Onorato Damen, ancien dirigeant du parti communiste italien au début des années 20 et ancien compagnon de Bordiga. Les thèses de Munis furent défendues par le groupe italien Azione comunista. C’est à Milan que Munis rédigea -secondé par la plume de Péret- deux de ses ouvrages théoriques qui eurent une profonde influence sur « l’ultragauche » : Les syndicats contre la classe ouvrière et Pour un second Manifeste communiste (1961). En 1962 Munis fut à nouveau autorisé à séjourner en France. Il s’occupa de mettre en place le groupe espagnol, se lançant dans une activité de révolutionnaire professionnel. Il écrivit une histoire de la révolution en Espagne : Jalones de derrota, promeses de victoria. Après 1968, le groupe Alarme de Munis joua un petit rôle dans la réorganisation du courant ultra-gauche en France à l’occasion de conférences internationales.

Poursuivant une œuvre théorique sur la question de l’Etat, Munis mourut à Paris le 4 février 1989.                        Œuvre : Textes choisis de Munis et de son courant, de 1936 à 1950, in Agustin Guillamon, Documentacion historica del trotsquismo espanol (1936-1948), Ediciones de la Torre, Madrid, 1996. — El Socialist Workers Party y la guerra imperialista, Editorial Revolucion, Mexico, 1945. — Los revolucionarios ante Rusia y el estalinismo mundial, editorial Revolucion, Mexico, 1946 – Jalones de derrota, promesa de victoria, Editorial Revolucion, Mexico, 1948. — Grupo Comunista Internacionalista : Explicacion llamamiento a los militantes, grupos y sectiones de la IV Internacional, Paris, septembre 1949. — Textes de Munis dans sa revue Alarma, primera y segunda série, 1958-1976, et Fomento obrero revolucionario, réédition à Barcelone, sans date. — Pour un second manifeste communiste (édition bilingue, français et espagnol), Eric Losfeld, Paris, 1965. — Munis et Péret, Les syndicats contre la révolution, Eric Losfeld, « le Terrain vague », Paris, 1968. — Fomento Obrero Revolucionario : Llamamentio y exhorto a la nueva generacion, FOR, Paris, 1966. — Trayectoria quebrada de Révolution internationale, Alarma, 1974. — Parti-Etat, stalinisme, révolution, Spartacus, Paris, 1975. — Analisis de un vacio. Cincuenta anos después del trotskismo, supplément à Alarma n°15 Barcelona 1983.

SOURCES : F. Bonamusa, Andreu Nin y el movimieno comunista en Espana (1930-1937), Anagrama, Barcelona, 1977 – Pierre Broué, Léon Trosky. La revolucion espanola (1930-1940), Fontanella, Barcelona, 1977. – Pierre Broué, Staline et la révolution. Le cas espagnol, Fayard, Paris, 1993. – Andrew Durgan, Dissident Comunism in Catalonia 1930-1936, thèse de doctorat, Londres, 1989. – Pelai Pages, El movimiento trotskista en Espana (1930-1935), Peninsula, Barcelona, 1977. – Agustin Guillamon, « Los bordiguistas en la guerra civil espanola », Balance n° 1, novembre 1993 – Agustin Guillamon, « G. Munis, un révolutionnaire méconnu », in Cahiers Léon Trotsky, no 50, mai 1993. – Agustin Guillamon, « Relaciones y correspondencia entre Nin y Ambrogi, 1930-1931 », Balance, mars 1994, Barcelona. – Agustin Guillamon, La Agrupacion de Los Amigos de Durruti (1937-1939), Barcelona, mai 1995. – Guy Prevan ed., Benjamin Péret, Oeuvres complètes tome 5, Textes politiques, Librairie José Corti, Paris, 1989 – Ngo Van, « 1954-1996 : une amitié, une lutte », in Maximilien Rubel… Combats pour Marx, « les amis de Maximilien Rubel », L’Insomniaque Editeur, Paris, 1997. – Archives de la IVe Internationale, Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, cote Forés. 552 et 553, dossiers Mexique (1942-1947).

 

 

 

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